Énergie, Efficacité énergétique
Espace Montmorency, un complexe multiusages à la pointe du progrès en matière d’efficacité énergétiqueProduction d’énergie : le pouvoir étonnant de la bouse de vache
Vous connaissez la maxime « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »? Ce principe énoncé par Lavoisier, célèbre chimiste et philosophe français du 18e siècle, prend tout son sens quand on parle de valorisation de la bouse de vache. Eh oui, les excréments qu’on traitait autrefois comme des déchets indésirables peuvent se transformer en source d’énergie durable et beaucoup plus « propre » qu’on pourrait le penser! Voici quelques explications…
Une technologie qui fait son chemin
Alors que de plus en plus de Québécois sont sensibilisés à la valorisation des déchets domestiques qu’ils déposent dans leur bac (ou sac) brun, la valorisation des déchets agricoles (déjections animales, résidus céréaliers, etc.) est beaucoup moins connue chez nous. En revanche, cette filière est déjà bien développée chez nos voisins du sud et dans certains pays d’Europe, et repose sur une technologie aujourd’hui bien maîtrisée : la biométhanisation agricole.
Les excréments à la rescousse de l’environnement
La biométhanisation agricole consiste à placer des résidus organiques agricoles – comme la bouse de vache par exemple – dans un digesteur, une immense cuve dont l’action ressemble à celle d’un estomac. Pendant plusieurs semaines, les bactéries présentes dans la bouse vont la décomposer sous l’effet de la chaleur et produiront naturellement du méthane, qui pourra ensuite servir de source d’énergie. Autrement dit, des matières fécales considérées auparavant comme inutiles et polluantes permettent maintenant de produire une énergie de source renouvelable, locale et carboneutre, qui permet d’éviter le recours au gaz naturel d’origine fossile et, donc, de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). De plus, la biométhanisation génère un sous-produit appelé digestat qui peut servir d’engrais naturel et éviter ainsi l’épandage d’engrais chimiques.
Richesse naturelle
La valorisation de la bouse de vache (et plus généralement la biométhanisation agricole) est un processus non seulement bénéfique pour l’environnement, mais aussi pour les exploitants qui y ont recours – individuellement ou dans le cadre d’initiatives collectives. En effet, elle leur permet d’étoffer leurs revenus grâce à la vente de gaz naturel renouvelable à des collectivités ou des entreprises du secteur de l’énergie, de produire de l’engrais pour leurs propres besoins, et de favoriser l’économie circulaire, c’est-à-dire d’optimiser l’utilisation de la ressource et de réduire l’empreinte environnementale liée à la production de gaz naturel. Bref, ce procédé permet de créer de la richesse et contribue au développement durable – pas mal pour des excréments!
Avec son complexe de biométhanisation, la Coop Agri-Énergie Warwick sera d’ailleurs la toute première coopérative agricole dédiée à la production de gaz naturel renouvelable au Québec. Ce projet réunissant une dizaine de producteurs agricoles permettra de produire du gaz naturel renouvelable à l’aide de lisiers, de fumiers et de résidus organiques divers provenant d’entreprises de la région. Annuellement, c’est plus de 2 millions de m3 de gaz naturel renouvelable qui seront injectés dans le réseau gazier; assez pour alimenter plus de 1 000 résidences en énergie renouvelable!
Matière d’avenir
Quoique cette filière en soit encore à ses balbutiements au Québec, la France, par exemple, compte déjà près de 650 unités de méthanisation agricole et en vise 1 000 d’ici 2020. Plus près de nous, des exploitations laitières, comme la ferme Blue Spring, au Vermont, vendent de l’électricité produite à partir de la biométhanisation de la bouse de vache à Green Mountain Power, une filiale américaine d’Énergir. D’ailleurs, la biométhanisation, c’est-à-dire la valorisation des résidus organiques d’origine alimentaire, agricole et des entreprises, pourrait jouer une part de plus en plus importante dans la production de GNR au Québec, selon une étude publiée en 2018 par WSP et Deloitte. Intitulé « Production québécoise de gaz naturel renouvelable : un levier pour la transition énergétique », ce document montre que, si le Québec exploite pleinement son potentiel de production, le GNR pourrait représenter près des deux tiers (66 %) du volume de gaz distribué en 2030 et permettre d’éviter l’émission de 7,2 millions de tonnes de GES, soit l’équivalent d’un million et demi de voitures! Maintenant que vous en savez un peu plus sur le potentiel de la bouse de vache, parions que vous ne verrez plus tout à fait ces animaux du même œil!
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