Pétrole : les gagnants et les perdants

13 mai 2015 par Énergir dans Énergie
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La récente chute spectaculaire du prix du pétrole a bouleversé les cours des devises et redistribué les cartes de l’économie mondiale. Qui en souffre? Qui gagne au change? Et pour combien de temps? Tour d’horizon.

Le prix du pétrole a des répercussions sur des pans entiers de l’économie, à commencer par le cours des devises et les indices financiers. Or dans les derniers mois, le prix du pétrole a baissé de moitié. Les conséquences se sont fait sentir immédiatement. En bien ou en mal, selon les cas.

Au Canada, on assiste à deux scénarios complémentaires. D’un côté, les provinces productrices de pétrole (Alberta, Saskatchewan et Terre-Neuve) perdent des revenus et des investissements. De l’autre, les provinces manufacturières, Québec et Ontario en tête, profitent de la baisse du dollar canadien car elles peuvent exporter de façon plus concurrentielle; leurs produits coûtent moins cher pour les clients étrangers.

Aux États-Unis, l’économie est assez diversifiée pour résister à la faiblesse du secteur pétrolier. Ainsi, la croissance devrait se poursuivre sans entrave en 2015. Les Américains dépenseront plus grâce à la baisse des produits pétroliers, mais cela sera contrebalancé en partie par la hausse de leur devise, qui freine leurs exportations.

Au niveau mondial, la chute du baril est favorable à la consommation et aux exportations. Ce coup de pouce est bienvenu pour l’Europe et le Japon, qui peinent à maintenir leur croissance. En revanche, les pays producteurs de pétrole sont mis à mal, à commencer par la Russie. Seule l’Arabie Saoudite a les liquidités suffisantes pour supporter la situation actuelle; c’est d’ailleurs pourquoi elle peut se permettre de ne pas intervenir sur le marché pour faire augmenter le prix.

L’essence et le mazout au rabais… pour l’instant

Pour les consommateurs d’ici ou d’ailleurs, le changement le plus visible est la baisse du prix de l’essence. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas fait le plein à 1 $ le litre!

On assiste aussi à une baisse du prix du mazout, tant dans sa version lourde industrielle que pour le chauffage domestique. Cependant, les prix affichés par les fournisseurs québécois n’ont pas autant baissé que le cours du baril. C’est sans doute pourquoi certains clients d’Énergir ont continué de s’alimenter en gaz naturel cet hiver, même s’ils étaient équipés pour passer facilement d’une source d’énergie à l’autre. En outre, les formes de mazout les plus concurrentielles sont aussi les moins raffinées, et donc les plus polluantes.

Le plus grand perdant : l’environnement

Le plus grand perdant de la chute du pétrole reste l’environnement. Plus les citoyens et les entreprises consomment des produits pétroliers, plus ils émettent de gaz à effet de serre. Quand l’essence et le mazout sont offerts à des prix attrayants, on est moins tenté d’explorer des formes d’énergie moins polluantes.

Au Québec, un critère de poids freine les entreprises qui souhaitent profiter des bas prix du mazout : la fiscalité. Depuis l’entrée en vigueur du marché du carbone (SPEDE) en 2013, les distributeurs de carburants et de combustibles doivent acheter au gouvernement ou dans le marché des droits d’émission pour compenser les gaz à effet de serre associés aux carburants et combustibles distribués, ce qui entraîne les prix à la hausse. Or, le mazout est plus polluant que le gaz naturel et ainsi, la position concurrentielle du gaz naturel par rapport au mazout s’est améliorée.

Il faut noter que depuis quelques mois, le gaz naturel a lui aussi connu une baisse de prix importante. Celle-ci ne serait pas liée au cours du pétrole, mais à un facteur structurel : les surplus de production à la suite de l’exploitation de nouveaux gisements. La tendance devrait donc se maintenir de façon prévisible. On ne peut pas en dire autant du pétrole, qui dépend autant de la production que des stratégies de marché, du contexte géopolitique et des caprices des marchés financiers.

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